LA COLLINE SAINT-SERGE
Association Culturelle de la colline Saint-Serge

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Protopresbytre Boris Bobrinskoy

Le père Boris Bobrinskoy

Photo capture d'écran, émission orthodoxie du 01.07.1990 (license INA)

Issu de la haute aristocratie russe, Boris Bobrinskoy est né à Paris le 25 février 1925. Selon ses propres paroles, son enfance fut “ à la fois une épreuve et une grande bénédiction”. Il vécut d’abord avec sa mère et, à l'âge de 7 ans, fut placé dans une maison d’enfants russes dans les Pyrénées. Le prêtre orthodoxe de Biarritz qui venait visiter cette maison marqua beaucoup l’enfant Boris et celui-ci se souvient que, dès l'âge de 8 ans, il a voulu être prêtre. “Ce désir profond, inspiré par le Saint Esprit, a orienté toute ma vie” déclarera-t-il plus tard. Sa mère meurt lorsqu’il a 10 ans et, deux années plus tard, le jeune Boris est envoyé en Belgique, à l’internat St-Georges, tenu par des Jésuites qui s’occupaient des enfants d’émigrés russes.

Lorsque la guerre éclata, les élèves furent envoyés à Paris et Boris poursuivit ses études au Collège jésuite St-Louis-de-Gonzague. L’appel au sacerdoce était toujours présent et en 1944, ayant réussi son Baccalauréat, Boris décide de s’inscrire à l’Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge. Il restera toute sa vie reconnaissant aux pères jésuites qui ont accompagné son adolescence et soutenu son désir spirituel et en gardera un remarquable esprit d’ouverture. Les études à l’Institut Saint-Serge jouèrent un rôle fondamental dans la vie de p. Boris. Il eut pour professeurs ceux que l’on appellera plus tard les théologiens de ”l’Ecole de Paris” : p. Serge Boulgakov, p. Basile Zenkovsky, p. George Florovsky, Lev Zander et celui qui sera son confesseur et père spirituel, le père Cyprien (Kern).

La particularité de la Colline Saint-Serge est que, parallèlement à la formation théorique dispensée dans les cours, les étudiants bénéficient des offices quotidiens, célébrés matin et soir dans l’église. Boris participe assidûment aux célébrations. Il chante, lit, assimile ainsi toute la tradition liturgique, l’ordo, par un apprentissage direct sur le terrain. Il y a un lien profond entre la vie liturgique et l’enseignement théologique. Celui-ci n’est pas pour lui purement théorique et formel, mais en relation directe avec l’actualité de l’Église.

Ayant terminé ses études à l’Institut Saint-Serge, p. Boris part deux ans en Grèce, comme boursier de la Faculté de théologie d’Athènes. Il apprend le grec et effectue des recherches à la Bibliothèque Nationale sur les manuscrits des Pères de l’Église, en particulier saint Grégoire Palamas. Là, on lui propose de l’ordonner prêtre non marié. Sur les conseils de son père spirituel, il rentre à Paris où on lui confie la charge d’inspecteur des études à l’Institut Saint-Serge.

En 1954, il est engagé comme enseignant à l’Institut Saint-Serge. On lui confie le cours de théologie dogmatique, qui lui permettra d’approfondir sa réflexion sur la Trinité, l’Esprit Saint, la Création, l’anthropologie, le salut, la grâce. P. Boris sera titulaire de la chaire de théologie dogmatique de 1954 à 2006. Il sera doyen de l’Institut Saint-Serge de 1993 à 2005. En 1957, il épouse Hélène Disterlohe et en 1959 il est ordonné prêtre. Le couple aura 3 enfants.

De 1965 à 1967, p. Boris étudie à la Faculté de théologie protestante de Neuchâtel. En 1987, il obtient son doctorat de l’Institut Saint-Serge avec une thèse sur “le repos de l’Esprit dans le Christ”.

Après la mort accidentelle du père Pierre Struve, le 3 décembre 1968, le père Boris fut nommé recteur de la paroisse francophone de la Sainte Trinité (la Crypte de la rue Daru). À son arrivée, il trouva une communauté ébranlée par la disparition brutale de son pasteur. P. Boris reprit l’œuvre commencée par le père Pierre. D’emblée il apporta à la communauté ses qualités de liturge. Par ses prédications, ses exhortations, ses catéchèses d’adultes, il donna à la paroisse, dont il fut recteur jusqu’en 2009, un riche enseignement spirituel ainsi qu’un solide accompagnement pastoral à tous ceux qui venaient vers lui.

Interview du père Boris Bobrinskoy sur la situation des paroisses francophones en 1990

Très engagé dans le dialogue œcuménique, p. Boris fut longtemps membre de la commission “Foi et Constitution” du Conseil Œcuménique des Églises (COE)et membre de la commission de dialogue catholique-orthodoxe. Il avait l’habitude de dire que “la communion eucharistique n’est pas le point de départ mais le point final de la rencontre entre les Églises.” A partir des années 70, il a présidé l’association “La Voix de l’Orthodoxie”, qui diffusait des émissions religieuses en direction de la Russie alors sous le joug soviétique. P. Boris fut aussi l’un des fondateurs de la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale, dont le but est de regrouper les orthodoxes de diverses origines, en surmontant les clivages nationaux, pour servir l’Église et témoigner de son unité. P. Boris était docteur honoris causa de l’Université de Fribourg et de l’Institut de théologie orthodoxe St-Vladimir à New-York. Il est auteur de plusieurs ouvrages portant principalement sur la théologie de la Trinité et du Saint-Esprit, sur l'Église et sur la liturgie.

P. Boris est mort à Bussy-en-Othe, le 7 août 2020.

Publications

  • Communion du Saint Esprit. Abbaye de Bellefontaine, 1992
  • Le Mystère de la Trinité. Cerf,1996
  • La Compassion du Père. Cerf, 2000
  • La Vie liturgique. Cerf, 2000
  • Le Mystère de l’Église. Cours de théologie dogmatique. Cerf, 2003
  • "Je suis venu jeter le Feu sur la terre". Recueil d’homélies, Éditions du Désert, 2003